Fleur blanche, Rose noire
Gardez la donc pour vous, ne me la montrez point,
Souffrez que la vision de cette fleur du mal
Ne trouble mon esprit, et l'embarque trop loin,
Là où ne pousse rien, pas même l'herbe du diable.
Votre folie vous a brûlé les yeux,
Et l'endroit où vous êtes, tant éloigné des cieux,
Ne me conviendrait pas pour tout l'or du monde,
Là où règnent l'absurde, la folie et la crainte,
Où les anges royaux se noircissent les ailes.
Gardez pour vous l'envers de ce blanc paradis,
Et tant que vous y êtes, emportez avec vous
Toutes ces illusions dont se bercent certains.
Ne me rassurez pas par vos pieux mensonges,
En lesquels vous croyez, plus encore qu'en vous-mêmes.
Difficile est le choix entre néant et vie,
Si je ne peux choisir, vous n'en savez pas plus.
J'oublierai mes rêves, mais reprenez les vôtres.
|